L’ère Meiji représente la célèbre époque japonaise où, après 300 ans d’isolement presque complet du reste du monde, le commerce du Japon avec l’Europe et l’Occident commence à s’ouvrir. De ce fait, le Japon connaît un nouvel essor dans le domaine des arts, grâce à la forte demande pour ses produits d’art et d’artisanat à l’étranger. Cela conduit à l’expansion de la production et au développement d’un nouveau style national.
L’époque de l’empereur Meiji est une période de redécouverte et de raffinement des arts populaires où le contraste entre la pureté des lignes et la sublimité de la maîtrise technique atteint son apogée. Chacune des pièces de la collection de ce musée de l’ère Meiji en témoigne : de grands vases japonais en bronze, un butsudan (maison de Bouddha) destiné à la religion et aux rites, une élégante coiffeuse en laque rouge aux détails noirs, des laitons aux riches gravures, un coffre en bois noir décoré d’ornements métalliques, un grand vase en ivoire, une tapisserie, une cruche en bronze, de la porcelaine Satsuma…
La culture japonaise nouvellement ouverte a fasciné de nombreux marchands européens et mondiaux ; on ne mentionnera les impressions que d’un seul d’entre eux: „Kyoto est un grand dépôt de tous les produits et marchandises japonais, et la principale ville commerciale de l’empire. Ici on travaille le cuivre, frappe la monnaie, imprime des livres, fabrique les tissus les plus luxueux avec des fleurs d’or et d’argent…“
Kyoto était un centre très développé dans l’ère avant-moderne de l’histoire japonaise (plus de 90% de la broderie produite pendant l’ère Meiji était réalisée à Kyoto). Pourtant, durant la période Meiji, cet artisanat traditionnel tombe dans une crise majeure : les artisans perdent leurs mécènes en raison de l’abolition du système féodal. L’industrie de la broderie au Japon se tourne vers le commerce avec l’étranger. Le design des peintures décoratives brodées, réalisée selon une technique particulière de broderie en relief avec des fils de coton et de soie extrêmement fins, caractérise l’artisanat textile japonais qui produit également d’autres objets décoratifs : des paravents, des rideaux, des tapisseries… Les créations des plus grands artistes de la seconde moitié du 19e siècle combinent le savoir-faire des maîtres en broderie établi depuis la période Edo et des méthodes plus modernes. C’est ainsi que la broderie japonaise, avant-moderne au design magistral, est née.